jeudi 26 septembre 2013

Comment une vision réductrice de la TCC peut être transformée par un usage extensif de la sophrologie et de la relaxologie ?

J’ai été frappé par le développement rapide du recours à des séances de relaxation ou de sophrologie dans les boutiques d’audioprothèses. Ces expériences de détente sont essentiellement proposées aux personnes souffrant d’hyperacousie et d’acouphènes invalidants.

Ceci s’ajoute au fait que certains ORL trouvent plus aisé d’adresser des personnes en souffrance à des partenaires non stigmatisés « psys ».

Et de me poser objectivement la question en tant que président de l’AMC*: « Ces gens font-ils aussi bien que la TCC ? ». Ce, d’autant que les sophrologues se lancent dans une campagne de validation à consonance scientifique de leur pratique dans différents domaines, dont la douleur et l’ORL. On verra, donc, ce qu’il sort de ces évaluations.

Je suis convaincu de la convergence des pratiques de TCC et de sophrologie, à tel point que je propose d’intégrer la sophrologie au rang de pratique de médecine comportementale.

Je suis néanmoins dubitatif quant à l’expertise en psychologie clinique de certains sophrologues. Ce qui ne manque pas d’inquiéter eu égard à la comorbidité psychiatrique liée à ces affections (qui pourrait concerner jusqu'à 80% des personnes intolérantes à l'acouphène (1) par exemple) pour lesquelles ils sont maintenant sollicités.

D’un autre côté, je suis très heureux et confiant face à ce développement de la collaboration avec les sophrologues de la part des audioprothésistes et des ORL en particulier. Cela marque une inflexion notable en France concernant la prise en compte de la dimension psychologique d’affections comme l’acouphène et l’hyperacousie. C’est tant mieux pour les personnes en souffrance.

C’est aussi une question de réponse à la demande : le nombre de sophrologues est bien plus important en France que celui des thérapeutes en TCC et, parmi eux, de ceux qui s’intéressent aux domaines d’applications non strictement psychiatriques. C’est donc aussi la loi du marché.

Je suis très heureux et confiant parce que si des gens qui n’auraient pas eu recours à la TCC obtiennent un soulagement par le biais de la sophrologie, c’est le plus important. Mais aussi, le fait que la dimension psychologique soit plus facilement abordée va permettre aux audioprothésistes et aux ORL d’adresser plus facilement les personnes qui ont besoin d’une TCC vers ce type de solutions. De plus, les échecs prévisibles de la sophrologie ainsi proposée « à l’aveugle » vont faire expérimenter les limites de cette discipline et, in fine, les indications de la TCC. Ainsi sera mieux compris le fait que la TCC ce n’est ni une forme de psychanalyse ni de la relaxation.


* : Association pour la Médecine Comportementale

(1) : Langghut B. et al. Tinnitus and depression. World J Biol Psychiatry. 2011 ; 12 : 489-500.

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