Je perçois des acouphènes. Neurosensoriels. Depuis au moins
25 ans. Bilatéraux. Sifflant. Permanent. Parfois très forts. Si forts que je
souris intérieurement lorsque ceux qui me consultent me disent :
« Bon là, avec la soufflerie et les bruits du couloir, évidemment, je ne
les entends pas ». Moi si. Pourtant cette personne est intolérante à cette
perception. Moi pas. Pourtant j’ai mon lot de stress et de doutes. Alors ?
Alors, je ne dirai jamais que l’acouphène est un problème
d’ordre psychologique. Je ne dirai même pas que l’acouphène est lié au stress.
Par contre, je dirai peut-être que le stress peut en augmenter la perception.
Parfois. Pas toujours. Il arrive que ce soit l’inverse : qu’en situation
de stress on l’entende moins. Par contre, je dirai que certaines situations
sont plus favorables à l’intolérance : lorsque l’émotion, toute émotion,
est envahissante. Parfois. Pas toujours. Il arrive que ce soit l’inverse. Qu’en
situation de forte émotion on l’entende moins.
L’acouphène varie, et l’intolérance aussi, pour des raisons
non psychologiques : en fonction de l’état métabolique, hormonal,
alimentaire, climatique, en fonction du degré de fatigue, de l’activité qu’on
a, de la dynamique de vie dans laquelle on est et, bien entendu … de
l’environnement sonore. Et tout ça se combine de telle sorte que prétendre
régler le souci en modifiant un ou deux de ces paramètres est une aberration
(le mot est très gentil par rapport à ce que je pense !).
Alors quoi faire ?
Attendre que la science trouve un moyen de supprimer (sans
effet secondaire ( ?)) ce signal sonore. Pourquoi pas. Ca viendra. C’est
donc une possibilité. Attendre. Espérer.
Ou alors modifier la relation dans laquelle se trouvent
ceux qui souffrent avec cette perception.
Il y a bien des médicaments qui modifient le fonctionnement
mental. C’est parfois utile lorsque le degré de souffrance empêche toute
avancée.
Sinon, la clé est peut-être dans l’intention : ceux
qui ne sont pas perturbés par les acouphènes n’ont aucune intention vis-à-vis
de cette perception alors que ceux qui souffrent ne visent qu’à trouver un
moyen de la supprimer. On pense souvent que c’est parce qu’ils souffrent qu’ils
veulent la supprimer. Or, la souffrance s’est installée dès lors qu’ils sont
entrés en lutte contre cette perception ...
Le stress, les émotions, modifient les conditions
d’adaptation à l’acouphène. Mais les supprimer ne constitue pas un préalable à
une bonne adaptation … Ce serait d’ailleurs impossible de vivre sans stress et
sans émotions, comme il est impossible, aujourd’hui, de supprimer l’acouphène.
S’adapter commence par aborder la perception autrement,
dans différents contextes avec ou sans bruit, avec ou sans bruit dérangeant,
avec ou sans stress, avec ou sans émotion … Tout un programme !!! Le
programme de TCC ?
« Et le reste ? », me direz-vous, « la
thérapie sonore, les appareils, la chirurgie avec la stimulation du nerf vague,
les stimulations magnétiques trans-crâniennnes, les stimulations électriques
corticales, la réalité virtuelle, les dispositifs trans-tympaniques,
… ? ». Ils ont leur utilité.
« Et le laser, la sophrologie, le magnétisme, le bains
de siège, … ?». Ils ont leur utilité.
Ils n’ont pas besoin de moi pour faire de la publicité.
Vous trouverez toutes les informations utiles sur internet.
Ah, j’oubliais … Les TCC sont le seul traitement ayant
prouvé son efficacité comparativement à toutes les autres solutions proposées
depuis plusieurs décennies à l’égard des acouphènes à travers des centaines
d’études scientifiques validées dans le monde entier. « Alors
pourquoi ça ne sait pas ? » me direz-vous. J’aurai tendance à
commencer par répondre : « Ca ne sait pas, en France ». La suite ?
J’y reviendrai probablement.
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